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ÉTUDES

septembre 2025

31 pages

Maxime VITALIS

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Petite enfance à Marseille : 10 ans d’évolution des modes de garde

En France, l’accueil individuel et collectif des enfants de moins de trois ans revêt une importance capitale pour les familles. À Marseille, comme dans de nombreuses autres villes, la disponibilité et la qualité des modes de garde suscitent des préoccupations majeures. Dans ce contexte, la connaissance fine de l’offre d’accueil, tous modes confondus, est une nécessité pour appuyer les politiques publiques de déploiement de l’offre. Depuis une décennie, les études menées dans le cadre du partenariat entre l’AGAM et l’observatoire de la petite enfance de la ville de Marseille jouent un rôle essentiel dans la planification territoriale de l’accueil des tout-petits. Elles permettent d’identifier les zones déficitaires, favorisant ainsi une meilleure répartition des services et des recommandations adaptées aux besoins des familles. Dix ans d’observation, le recul est suffisant pour faire un premier bilan de l’évolution de l’offre d’accueil mais aussi du recours des familles à la garde collective ou individuelle.

Ce qu’il faut retenir

Durant les dix dernières années, le visage de l’offre d’accueil des 0-2 ans à Marseille a changé. La capacité théorique d’accueil a augmenté de 5 points et en 2024 c’est 1 enfant sur deux de moins de trois ans qui peut être accueilli dans un mode d’accueil formel (accueil en établissement public ou privé, accueil chez des assistantes maternelles.

Cette progression est essentiellement due à une forte augmentation de l’offre d’accueil collectif. Deux mille cinq cent berceaux ont été créés portant la capacité théorique d’accueil de 23 berceaux pour 100 enfants à 30 berceaux pour 100 enfants. Cent trente-huit établissements se sont installés à Marseille en dix ans, très majoritairement des micro-crèches privées (81o/o des établissements nouveaux). Le poids important des structures privées a minimisé la création de places supplémentaires (10 à 12 places par établissements). L’offre d’accueil individuel a reculé entre 2014 et 2024, dans les mêmes proportions que ce qui est observé au niveau national. Marseille a perdu 600 assistantes maternelles et 1700 agréments en dix ans.

La progression de l’offre d’accueil collectif permet de compenser la baisse de l’offre en agréments chez les assistantes maternelles.

L’accueil collectif devient le premier mode d’accueil à Marseille. Le rôle joué par les structures associatives pour équilibrer une offre à destination des familles les moins favorisée est primordial. Face à la montée des crèches privées (qui sont les plus nombreuses en établissements), le modèle de la crèche publique doit apporter des réponses pour mieux coller au besoin des familles. La création de nouveaux équipements doit s’accompagner d’une recherche d’une efficacité maximale des crèches publiques, notamment les crèches municipales. Un redéploiement partiel de l’offre municipale pourrait être un élément de réponse. Le contexte de baisse de la natalité et la perte d’attractivité des métiers de la petite enfance renforcent le challenge pour anticiper les modes d’accueil de demain.

Le nombre d’admis dans les établissements publics (associatifs et municipaux) a augmenté plus fortement que le nombre de places. Mille sept cent enfants de 0-2 ans ont été accueillis en plus dans les établissements. Parallèlement les inscrits en liste d’attente sont moins nombreux. Les nouveaux critères d’admission en crèches mis en place en 2021 ont été suivis d’une progression de l’accueil des 0-2 ans dans des arrondissements où les taux d’accueil étaient bas. Dans neufs arrondissements sur seize, la création de places de crèches s’accompagne d’une augmentation de la demande. Ce sont les arrondissements où l’action publique est la plus efficace. La baisse du nombre d’enfants n’a eu que peu d’impact sur le développement de la demande.

L’augmentation du nombre d’admis dans les arrondissements historiquement les moins disposés à aller vers l’accueil collectif montre que la politique d’intégrer des nouveaux critères d’attributions porte ses fruits. Ces arrondissements restent cependant encore en dessous des valeurs du reste du territoire marseillais. L’adaptation qualitative l’offre (contrat horaire et hebdomadaire, accueil et prise en charge des familles) peut être un levier pour mieux répondre aux attentes.

La crèche reste un équipement de proximité. En 2014 comme en 2024, 2 admis sur 3 l’étaient dans un établissement de leur arrondissement de résidence.